Les financiers redécouvrent une valeur refuge stratégique pour leurs portefeuilles (de prises de parole)

3 octobre 2023

Les financiers ont trouvé leur nouvelle valeur refuge. Celle-ci ne se stocke pas dans un coffre et ne remplit pas les réserves des banques centrales. Pour les comptables, il s’agit d’une valeur immatérielle. Elle résiste même à la dépréciation des valeurs et aux turbulences du marché : c’est la marque personnelle.

Qu’entend-on par « marque personnelle » ? Il s’agit d’une démarche désormais courante de développement et de promotion de son image par un individu sur ses réseaux sociaux, notamment professionnels. Ce processus invite à mettre en avant ses valeurs, ses engagements, ses compétences, ses passions. Les objectifs varient en fonction des profils et des besoins : notoriété, recrutement, marque employeur, reconnaissance, etc.

Marque personnelle, démarche nouvelle ? Loin de là. Dans Positioning, The Battle for Your Mind publié en 1981, Al Ries et Jack Trout insistent sur la possibilité pour les individus de développer un positionnement singulier pour eux-mêmes. Dans le chapitre « Positioning yourself and your career », dont le titre ferait pâlir d’envie les spécialistes de la marque personnelle sur LinkedIn, les deux experts recommandent aux personnes intéressées de définir ce qui les différencie, ce qui fait leurs forces, afin de savoir quoi valoriser pour gagner en singularité dans une carrière et se démarquer aux yeux des prospects et clients.

52 ans plus tard, cette démarche est celle d’un nombre croissant d’acteurs dans la finance comme l’a montré un récent article d’Option Finance. Désireux de susciter l’intérêt des talents, de la presse spécialisée et d’éventuels prospects, le financier est amené à diversifier ses formats de prises de parole, des sujets traités, du ton employé, des profils ciblés… Sa lettre d’investissement n’est plus son seul canal d’expression. Et si elle l’est, un travail tant sur la forme que sur le fond aura été mené pour la rendre plus singulière.

Après tout, qui mieux que les professionnels de la finance pour développer une marque personnelle ? Cette pratique sollicite des qualités qu’ils mobilisent chaque jour : analyse rigoureuse, sang-froid, opportunisme, vision du chemin à parcourir… La marque personnelle, au même titre que les valeurs mobilières, peut donc être un investissement stratégique à long terme et un outil pertinent de diversification de son « portefeuille de prises de parole ». Mais est-ce si facile ? Tout un chacun peut-il s’engager dans cette voie ? Comment devenir ainsi souverain sur son territoire ?

Ce travail de déploiement de sa Souveraineté Stratégique, pour qu’il soit bien fait, exige un difficile effort sur soi, une introspection sur ses propres forces, compétences et capacités d’expression. Au-delà des contenus il faut pouvoir définir son propre territoire d’expression, quelles sont mes croyances, quel est mon état d’esprit, quels sont mes actifs, quel rêve ai-je, quelle est ma singularité et quel est mon impact sur mon environnement ? Voilà une série d’informations qu’il est nécessaire d’établir afin de préempter les sujets sur son territoire et affirmer sa Souveraineté Stratégique. Prétendre le contraire participe à la création de contenus médiocres. On ne gère pas un portefeuille à la légère ou à moitié : pourquoi gérerait-on sa propre image à moitié ?

Face à l’inflation de contenus sur les réseaux sociaux, avancer à l’aveugle et par mimétisme est foncièrement contre-productif. La concurrence est déjà très marquée. L’enjeu est d’avoir un positionnement souverain avec son langage, ses points de vue, ancrés dans les forces endogènes de l’analyse du financier et la singularité de ses points de vue et de son vécu.

Il est possible de se faire aider par des professionnels pour développer de tels actifs de marque personnelle et une aide au discernement. Objectif : faire monter les taux d’engagement de sa page LinkedIn au-delà des taux hawkish de la BCE ?

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