Rémunération des dirigeants du CAC 40 : ChatGPT vote contre
Pour les sociétés cotées du CAC 40, la saison des AG est lancée. Rendez-vous incontournable, il mobilise l’actionnariat qui valide les orientations stratégiques et points de gouvernance opérationnelle qui lui sont exposés. Sur la base de quelle information ?
Reputation Age a créé “ESG Bro”, un assistant IA hébergé sur la plateforme GPT d’OpenAI. Il a été éduqué pour être un proxy advisor personnalisé avec un prisme ESG. Il guide les actionnaires dans leur préparation des assemblées générales et émet des consignes de vote. ESG Bro a passé au crible les documents et résolutions soumises aux actionnaires de toutes les sociétés du CAC 40. Quels enseignements ?
ESG Bro, un proxy advisor activiste
Dans une majorité des cas étudiés, les résolutions portant sur la rémunération des dirigeants des sociétés du CAC 40 ne sont pas approuvées. Pour près de 80% des entreprises du CAC 40, ESG Bro recommande de voter contre la rémunération du dirigeant. Ce refus quasi-systématique s’explique notamment par le prisme ESG que nous avons donné au prompt en lui indiquant d’être vigilant sur les enjeux ESG. Pour cette raison, les rémunérations décorrélées d’objectifs ESG ou aux objectifs ESG trop marginaux ont été refusées. C’est notamment le cas de TotalEnergies, Michelin, Publicis, Safran, Sanofi… Les dirigeants à la tête d’entreprises aux résultats financiers en demi-teinte se voient aussi refuser leur rémunération, à l’image de Teleperformance. En revanche, ESG Bro recommande d’approuver la rémunération des dirigeants notamment d’Axa, de Legrand, de Schneider Electric …
Ce ne sont pas les seuls enseignements que nous pouvons tirer de cette analyse. Chat GPT est vigilant aussi sur la nomination des administrateurs, les augmentations de capital ou les rachats d’actions…
Au service de la Souveraineté stratégique ?
Face à de tels outils, ces sociétés seront-elles encore maîtresses de leur discours ?
Ces analyses menées auprès des entreprises du CAC40, montrent la facilité avec laquelle des agents IA vont pouvoir être créés tant par des professionnels que des particuliers. L’enjeu ensuite est leur diffusion sur des plateformes d’échanges entre pairs avec une audience plus ou moins importante. Ce sont de nouveaux défis pour les entreprises. Ils sont capables d’analyser de façon structurée, rapide et biaisée (ici avec un biais ESG que nous avons volontairement nourri dans le prompt initial) des éléments financiers, mais aussi le narratif des entreprises sans que celles-ci en soient averties.
Le phénomène est susceptible de se démocratiser davantage. De nombreux actionnaires individuels n’ont pas le temps ou les compétences de se plonger dans chaque documentation envoyée par les sociétés dont ils sont actionnaires. Et tous n’ont pas les moyens de recourir à un proxy advisor humain. Ces outils sont utiles pour faciliter la compréhension des documents toujours plus détaillés sur le fonctionnement des entreprises.
Pour les utiliser au mieux, il est nécessaire de les maîtriser. En revanche, ne pas s’y intéresser, c’est accepter de laisser ces outils s’intéresser à vous avec tous les biais qu’ils vont avoir.
S’emmurer dans une politique de l’autruche serait donc coûteux. Coûteux pour la capitalisation de l’entreprise, pour sa réputation, pour la puissance de sa marque. Plus que jamais, la Souveraineté stratégique est une réponse à l’ère de l’IA.